Doutes et espérances d'une gueule de catho moins le quart

Hier encore, je marchais dans un épais brouillard ne sachant où me diriger, perdue dans une forêt de questionnements plus brumeux les uns que les autres. Je doutais de ma foi. Mais comment puis-je en arriver là? Déambuler dans une église, entendre le carillon des cloches, chanter le Notre Père, lire la Parole du Seigneur et prier me procurent une telle joie et un tel apaisement ! Il ne se passe pas un jour sans que je pense à Lui, à notre Seigneur, sans que je porte mon regard vers le ciel et lui souris. Non, vraiment, je n'ai pas le droit de douter!Tant de personnes aimeraient tellement être à ma place, croire en Dieu, ressentir ne serait-ce qu'un soupçon de sa présence, marcher auprès de Lui porté par son Amour!

Mon cerveau est vraiment trop complexe. Trop de questions inutiles et destructurantes pourrissent mon âme et gangrènent mon coeur. Si je dois douter de quelque chose, ce n'est pas tant de ma foi que de ma capacité à la manifester au quotidien dans un coeur humble et soumis à Dieu. Tout un programme...

Sources de l'image: blog.bassin-nature.com

Est-ce cela croire en Dieu?

Un cœur empli de joie. Une âme qui se réjouit de tout petits riens: du cri d'une buse planant dans les airs à la recherche d'une proie, d'une mare grouillant d'insectes aquatiques multiples, des rires communicatifs d'un enfant, des rayons du soleil levant embrassant le clocher de l'Immaculée...

Est-ce cela croire en Dieu?

Un cœur débordant d'amour. Une âme qui s'ouvre un peu plus chaque jour aux autres, comme un bouton floral se métamorphosant lentement en une fleur. Une âme qui ne veut plus vivre pour elle seule mais pour les autres...

Est-ce cela croire en Dieu ?

Un cœur armé de courage. Une âme qui ne se laisse plus abattre par les vents violents mais qui résiste patiemment, attendant la fin de la tempête.

C'est cela et bien d'autres choses encore. Laissons donc le Seigneur œuvrer et nous verrons ces autres choses!

J'apprends à marcher. Mes premiers pas d'apprentie gueule de catho sont hésitants et fébriles. Je manque cruellement d'assurance. Dès que je pense avoir trouvé l'équilibre, je trébuche contre des amas de doutes répandus sur ma route. Ces incertitudes sont les miennes. Les autres ont confiance en moi. Je les sème moi-même sur le chemin de ma foi. Suis-je digne de l'Amour de Dieu? J'ai le culot de chanter le Credo et d'aller communier alors que je ne crois pas en la résurrection des morts et en la vie Éternelle! Pitoyable!

"Mais lâchez donc prise!" m'a dit un jour le père Geoffroy. Serait-ce cela la clé de la "réussite"? Ne plus tout contrôler, poser un pied puis l'autre sans trop réfléchir puis voir. Qui sait, ce lâcher prise m'apportera peut-être la sérénité nécessaire pour trouver l'équilibre et marcher d'un pas décidé auprès du Seigneur...

Sources de l'image: areuh.fr

J'éprouve une tendre sympathie pour notre nouveau pape François.

Son sourire d'abord. Il est si beau! J'aime les personnes qui sourient. Un sourire peut exprimer tant de sentiments et d'émotions: la joie, la tristesse, l'amour, l'empathie...Un sourire est un petit rien mais il peut panser de profondes blessures. Le sourire du pape François semble dire: "Venez, je vous aime comme j'aime Dieu et comme Dieu nous aime! Alors n'ayez pas peur! ". C'est un sourire doux et chaleureux. Un sourire d'ange empli d'amour.

Son humilité ensuite. "Je suis un pécheur sur lequel le Seigneur a posé son regard." a-t-il dit dans une interview accordée aux revues culturelles jésuites. Malgré ses fonctions, il sait garder la tête froide et se faire tout petit face au Seigneur. Il reste humble. Il faut une sacré dose de courage et de sagesse pour tenir de tels propos.

Son espérance enfin. "Je rêve d’une Église mère et pasteur. Les ministres de l’Église doivent être miséricordieux, prendre soin des personnes, les accompagner comme le bon Samaritain qui lave et relève son prochain." Sur ce dernier point, qu'il se rassure. De bons pasteurs, l’Église en possède. Les pères Romain et  Geoffroy en sont deux bons exemples. C'est une chance pour nous et pour l’Église toute entière de les avoir. Ils savent réchauffer les cœurs des plus grands comme des plus petits.

Sources de l'image: paroissedemartigues.over-blog.com

31 août 2013: le père Geoffroy célèbre sa dernière messe. Demain, il part pour une nouvelle paroisse. L'église de l'Immaculée est noire de monde. Cette célébration se veut joyeuse, dynamique et pleine d'espérance. Il s'agit de rendre grâce au Seigneur pour ces belles années passées ensemble! Malgré tout, je ne peux retenir mes larmes. Je suis comme une petite enfant qui pleure au moment de se séparer de sa mère. La tristesse m'inonde noyant au passage fierté et raison. Rien ne peut assécher mes pleurs. Je suis morose et je doute. Ma foi survivra-t-elle au départ du père Geoffroy?

 08 septembre 2013: le père Romain, notre nouveau curé, a pris ses fonctions hier au soir. Ce matin, je suis allée à la messe. Cet homme est discret, souriant et chaleureux. Il me plait déjà. Je sors de l'église un large sourire aux lèvres et l'âme apaisée.

28 octobre 2013: deux mois se sont écoulés depuis le départ du père Geoffroy. Je n'ai pas déserté les églises ni fait faux bond au Seigneur. Malgré mes interrogations récurrentes, je maintiens le cap. Le père Romain m'y aide. Le père Geoffroy également, par courriels interposés.

Mon Dieu, je te remercie infiniment d'avoir placé sur ma route ces deux hommes, ces deux frères et pères, dont les paroles me guident et nourrissent un peu plus chaque jour ma foi!

Sources de l'image: http://www.photo-libre.fr/

Ma foi n'est qu'une petite graine dont la tige et les feuilles viennent tout juste de percer, une petite graine qui - je le souhaite de tout cœur - donnera un jour une plante vigoureuse et porteuse d'une multitude de bons fruits. Pour grandir, cette plante a besoin d'eau, de lumière et d'air. Cependant, il plane dans mon esprit de nombreux doutes qui sont autant de zones arides, obscures et délétères qui nuisent à sa croissance.

Ma foi n'est qu'une petite graine plantée dans une mauvaise terre, une petite graine dont la tige et les feuilles naissantes sont étouffées par des milliers de mauvaises herbes.

Avant de me targuer d'avoir la foi, peut-être devrais-je d'abord songer à désherber efficacement mon jardin intérieur. Mieux encore, peut-être devrais-je laisser notre Seigneur œuvrer et retirer une à une chacune des mauvaises herbes poussant dans cet espace vert...

Sources de l'image: le-projet-olduvai.blogspot.com

Seigneur, qu'il est juste de te rendre grâce!

Mai 2013. Abbaye de Fontevraud, située en région Pays de la Loire. C'est l'une des plus grandes cités monastiques d'Europe léguée par le Moyen Âge.

Pour la première fois de ma vie, en déambulant dans les galeries du cloître, j'ai éprouvé un sentiment de plénitude. Ce n'était pourtant pas le premier cloître que j'avais l'occasion de découvrir et celui-ci était plutôt austère. Décoration minimaliste, quelques sculptures ça et là...

Au centre, se dressait une gigantesque oeuvre d'art: un escalier de bois et de fer aux allures sinueuses de montagnes russes. Symbole du destin chaotique de cet édifice religieux. Abbaye jusqu'à la Révolution, elle fut transformée en prison par Napoléon en 1804, l'une des plus difficiles de France. Aujourd'hui, c'est un lieu de visites et de rencontres culturelles.

Symbole d'une vie tortueuse emplie de moments de bonheur et de profonde tristesse.

Symbole des chemins onduleux menant à Dieu. Notre Seigneur n'écrit pas droit.  Il faut s'armer d'une infinie patience et de persévérance pour le découvrir, le rencontrer et vivre sur les routes de son Amour. 

La quête de Dieu n'est pas un long fleuve tranquille! Je l'ai appris très vite et chaque jour me le rappelle.

Tout a commencé il y a six mois. Six mois que je marche avec plus ou moins d'aisance sur le chemin de la foi. Six mois emplis de moments de joie mais aussi de doutes. Me suis-je lancée dans cette aventure par curiosité? Pour défier le père Geoffroy? Je ne saurais le dire avec certitude. Sans doute s'agit-il d'un mélange des deux...

Le père Geoffroy a baptisé notre fils en avril 2013. C'est un homme charismatique, au caractère fort. Il ne mâche pas ses mots. Ses propos peuvent parfois blesser. Cependant, il dégage une immense sympathie. Son sourire, chaleureux et bienveillant, réchauffe le coeur. Ses yeux, pétillants et malicieux, invitent à le suivre. Il fait partie de ces hommes de Dieu capables de convertir une armée de mollusques en usant simplement de son charme. 

Tout a commencé il y a six mois. Six mois que je (re)découvre la force de la Parole de Dieu. Six mois que je suis une autre, une gueule de catho moins le quart, une recommençante, une stagiaire de la foi. Chaque jour me forme et me forge. Chaque jour transforme mon coeur et mon âme.

Merci mon Dieu!
Merci pour cette rencontre inattendue!

Merci pour cette petite graine que tu as plantée, qui a germé et qui pousse tendrement, lentement.